• La vie n'est pas un long fleuve tranquille...et donner la vie me semble l'être encore moins.

     

    Je m'excuse par avance si certains de mes proches lisent cet article et vont donc découvrir des choses qu'ils ignorent. Je m'excuse qu'ils le découvrent de cette façon, plutôt que peut-être de vive voix. Mais parfois les choses plus plus douloureuses sont plus faciles à écrire qu'à dire. Je vous aime. ♥

     

    L'envie d'enfant, ça ne se contrôle pas. Ça ne s'improvise pas, ça ne se décide pas. On ne décide pas un jour d'avoir envie d'un enfant. Comme on ne décide pas un jour de ne plus en avoir envie. Quand l'envie d'avoir un enfant, de donner la vie vous vient, ça s'imprime en vous, ça ne vous lâche pas. Cela devient une partie de vous.
    C'est en tout cas comme ça que je vis les choses.

    Je savais que je voulais des enfants depuis de nombreuses, très nombreuses années. Je rêvais encore devant mes posters des Backstreet Boys (ha Nick Carter ♥) que je rêvais déjà d'avoir des enfants, que je pensais déjà aux prénoms que j'allais leur donner. Que je m'imaginais ce que j'allais leur apprendre, ce que l'on ferait ensemble. Leur apprendre l'anglais. Leur donner le goût de lire. Les laisser libres de vivre leurs propres rêves.

    Ce désir en moi n'a jamais faibli. Même pendant les moments les moins "opportuns" de ma jeune vie, pendant mes années universitaires, mes années d'assistanat, mes premières années de prof.

    Évidemment, le désir allait crescendo quand j'ai enfin rencontré THE one. Mon amoureux, mon mari, mon meilleur ami. Après un petit mois ensemble, je savais que celui qui me prenait dans ses bras à ce moment là serait le père de mes enfants. Je lui ai dit, je me souviens, en septembre 2005 "dans trois ans, on fait un bébé". OK, m'avait-il répondu.

    Nous sommes en 2014. Les trois ans sont depuis longtemps écoulés, et pas de bébé à l'horizon.
    Les trois ans nous auraient amenés à l'été 2008. Celui-là même où j'ai eu mon concours, où je suis devenue professeur stagiaire. Il était évident que ce n'était pas "le bon moment". Alors, on attend. On patiente. L'envie s'installe aussi chez lui, je le vois, je le sens. Nous nous marions en 2011.

    Et vient mai 2012. La décision est prise. Nous nous décidons. Il n'y aura jamais de "bon" moment alors maintenant est le bon moment. Les débuts sont forcément pleins d'espoir. Et plein de déceptions, mois après mois d'essais infructueux. Quelques petits soucis de santé à l'été nous empêchent de continuer. La frustration est immense.

    Fin Novembre on a de nouveau le feu vert. On respire, on prend notre temps, on ne s'affole pas. Facile à dire. Moins à faire. Surtout quand un splendide "Schwanger*" apparait sur un petit bâtonnet. L'émotion est incroyable. Le flot d'amour, de papillons dans le ventre, de questions, de peur, de joie... tout me semble formidable. Je vais travailler le coeur léger. Je vais être MAMAN. Moi. Ça y est. Je vais être maman. Quand on calcule, notre bébé est un petit miracle de Noël. Conçu comme tellement de bébés la nuit du Réveillon. Je ne pouvais rêver plus beau cadeau.

    Comme je ne pouvais pas imaginer de plus lourde chute. La chute a été aussi brutale et difficile que  le bonheur fut incommensurable. Les prises de sang sont formelles. J'ai perdu mon bébé. Jamais je n'ai ressenti telle douleur. Ce bonheur immense qui m'habitait s'est évanoui d'un coup. Un coup de poignard. Les jours qui suivirent furent tellement douloureux.

    Ce vide. Ce vide en moi impossible à combler. Ces cauchemars atroces qui m'empêchent de me reposer la nuit. Les vieux démons d'adolescente qui ressurgissent.

    La distance a été là extrêmement difficile à gérer. Ne pas être avec mon mari. Proche de ma famille. Ma famille... que faire? Leur dire? Je me sentais... honteuse. Honteuse d'avoir perdu mon bébé. Je me détestais. Je m'en voulais. Je me disais que c'était de ma faute. Je ne voulais surtout embêter personne. En particulier pas ma grand sœur, alors enceinte de 7 mois, et qui ferait de moi très bientôt une marraine comblée. Mais quand, et comment le dire? Ne m'en veux pas.

    Et à partir de là, il faut se reconstruire. Se faire au vide qui est si présent en moi. Se faire à ce reflet dans le miroir qui me crie sans cesse que non, je ne serai pas maman en Septembre. J'obtiens finalement ma mutation. L'espoir revient en moi. Refaire ma vie dans le Nord, proche de ma famille. Repartir de zéro.

    Et le mois de Septembre arrive. Le jour où j'aurai du avoir mon bébé - ou en tout cas la date prévue - ma maman me dit "tiens, tu sais qu'aujourd'hui c'est le jour où il y a le plus de naissances? Parce que les bébés ont été conçus au soir de Noël". Maman, je ne t'en veux pas, tu ne pouvais pas savoir. Bien sûr, je n'ai pas eu besoin de cette phrase pour me rappeler quel jour on était. Et comme une dernière gifle du destin, une amie de la famille accouche ce jour là.

    Et là, c'est la dégringolade. Je me demande bien pourquoi. Pourquoi est-ce que le destin s'acharne sur moi comme ça? Et la spirale infernale ne fait que commencer. Je n'arrive plus à sortir de l'eau. Je dois me faire arrêter, je n'arrive plus à faire face. Je n'arrive plus à savoir qui je suis, ce que je veux. Je me dis que je ne suis pas une bonne épouse, puisque incapable d'offrir un enfant à l'homme que j'aime. Et je n'arrive pas à voir dans quoi je suis bonne. Je me dis que je suis une mauvaise soeur, puisque je ne me suis pas confiée à elles. Que je ne suis pas une bonne fille, une bonne petite-fille. Une bonne tata, une bonne marraine. Une bonne filleule. Une bonne prof. Je m'enfonce un peu plus chaque jour.

    Grâce à l'aide de ma famille, de mon mari, j'arrive, peu à peu à sortir la tête de l'eau. Jusqu'à il y a quelques jours, où le destin semble encore une fois nous en vouloir. Pourquoi? Qu'avons-nous fait de si mal? Que faisons-nous de mal?

    Au jour d'aujourd'hui, on est revenu au point de départ. Voir même au point d'avant.

    Mais alors quand? Quand deviendrai-je maman? L'attente devient difficile. Tellement difficile que j'en viens à me demander: est-ce que je prendre toutes ces épreuves comme des signes? Est-ce que ça veut juste me dire que je ne dois pas assouvir ce rêve? Je me questionne sur ma capacité à être une bonne mère pour mon futur enfant.

    Les temps peut être décidément bien destructeur.

     

     

    * Enceinte en allemand


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